Historique

Extrait de Bardouville, les reflets du temps de Pierre Molkhou


La plus ancienne mention remonte au milieu du XIe siècle sous la forme latine de Bardulvilla; son orthographe a connu de nombreuses transformations jusqu'à sa forme actuelle attestée au milieu du XVe siècle. Ses orthographes successives, Bardulfi Villa en 1066, Bardovilla dans une charte de l'archevêque de Rouen, Hugues d'Amiens, en 1131 ou Bardolvilla au milieu du XIIIe sièce permettent de comprendre que l'écriture des noms dépends de la prononciation du moment, elle-même liée à l'introduction de nouveaux parlers.
Quelle qu'en soit la forme, son nom est composé du suffixe villa laissant croire à l'existence d'un antique domaine rural ayant appartenu à un certain Bardulf, nom d'origine scandinave d'où dérive le nom de famille Bardou. Faut-il imaginer qu'à l'occasion d'un raid viking au IXe siècle, un capitaine de drakkar ou un valeureux guerrier remontant la Seine ai accosté sur les rives de la presqu'île ? Aucun élément ne permet de confirmer ou de réfuter cette séduisante hypothèse. Autre hypothèse celle de l'analyse toponymique. Elle décrit avec précision le site de Bardouville comme étant le domaine, villa, situé au sommet, comme l'atteste le sens de la racine gauloise, Bar, du méandre, c'est-à-dire du fossé que désigne la racine germanique dol.
Si les premières mentions de la paroisse remontent au milieu du XIe siècle,  les vestiges archéologiques exhumés depuis les années 1930 témoignent d'une occupation humaine nettement antérieure. Elle remonte au néolithique. C'est à Beaulieu, ancien hameau de Mauny aujoud'hui réuni à Bardouville, que fut découvert, sur les berges de la Seine au début des années 1960, un abondant matériel néolithique.


Peu d'éléments viendront éclairer les traces laissés par ceux qui furent les premiers à vivre sur l'actuel territoire communal. Ils habitaient de bien modestes maisons comme peut en témoigner le sens du lieu-dit la Prairie du But ; ce nom provient en effet du terme d'origine franque buc, cabane.
Ce n'est qu'à partir du milieu du XIe siècle qu'une assez belle légende vînt le sortir du long sommeil des siècles.

 

La légende du Corset Rouge


Le seigneur du lieu, Bertrand de Bardouville, rapporte le récit, revenant d'Angleterre où il avait combattu aux côtés du duc Guillaume, s'installa dans le château de ses ancêtres et épousa Yolaine de Montigny. Il repartit guerroyer quelques années plus tard en confiant son épouse esseulée à Don Raphaël Capelli, prieur de la toute proche abbaye Saint-Georges de Boscherville. Chargé de veiller sur elle, il prit l'habitude de traverser la Seine sur une barque pour se rendre au château et prodiguer des soins, grâce à ses connaissances médicales, au jeune fils de Bertrand et Yolaine de Bardouville. Une autre version stipule que c'est à la demande de Bertrand que le prieur se rendait chaque jour au château pour y dire une messe.


Les traditions diffèrent alors. Celle de l'abbé Etienne, assez chaste, rapporte que la belle Yolaine prit l'habitude de hisser une étoffe de couleur rouge, le fameux corset, au sommet de l'une des tours du château. Ce signal était destiné à demander au prieur de venir soigner au plus vite l'enfant malade. Le vêtement finit par attirer l'attention des mariniers voguant en contrebas qui auraient, avec grivoiserie, fait courir des ragots infamants, amplifiés au fil de leurs voyages. Revenant de ses campagnes, le bouillonnant Bertrand eut vent de cette rumeur. Il se rendit au château où il surprit son épouse en compagnie du prieur. Outragé, il les tua.


Plus leste, la tradition populaire assure que le prieur séduisit la belle esseulée et que le corset attaché au sommet d'une tour était le signal convenu entre les deux amants pour se rejoindre…surpris par le retour de Bertrand de Bardouville, les amants n'échappèrent pas à sa fureur. Le prieur succomba sous les coups d'épée et son sang vint rougir le corset. Le chevalier le hissa alors en haut d'une tour pour montrer que justice avait été faite. Il obligea ensuite son épouse volage à porter, en signe de repentir, le corset maculé du sang de son amant.

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